Programme des conférences parisiennes du premier semestre 2015

Conférences des SahariensLes Sahariens vous convient à assister à leurs rendez-vous mensuels parisiens. Voici le programme de cette première moitié de 2015. Ces conférences sont ouvertes à tous, se tiennent au cœur de Paris dans les locaux de l’Iremmo-l’Harmattan, tous les deuxièmes mardi, à 19 heures.
D’une durée de 2 heures, échanges compris, elles se prolongent pour ceux qui le souhaitent, généralement en présence du ou des conférenciers, par un couscous traditionnel dans un lieu proche et rendu célèbre par un ancien président de la République…

Mardi 10 février 2015, 19h
Parenté et anarchie chez les Toubou
Catherine Baroin, anthropologue, CNRS.

Mardi 10 mars 2015, 19h
Aux confins du Désert libyque
André-Paul Hesse, ancien président de la Rahla.

Mardi 14 avril 2015, 19h
Le mystère du signe Lam Alif, sous un angle archéologique
Père Denys Pillet de Ouargla.

Mardi 19 mai 2015, 19h
Voyage avec Thierry Tillet, préhistorien

 

 

DATE
Tous les seconds mardi du mois, à 19 heures

LIEU
iReMMO – L’Harmattan,  5, rue Basse des Carmes, 75005 Paris.

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PARTICIPATION AUX FRAIS
6 euros

DINER
Si vous souhaitez nous rejoindre pour le couscous qui prolonge traditionnellement la conférence (environ 25 euros) nous vous demandons de réserver au plus tard le vendredi précédent la conférence auprès de Christiane Portemer au 01 45 75 48 18.

Un thé au clair de Lune : un conte inédit de… Théodore Monod !

un-the-au-clair-de-luneEn 1935, Théodore Monod a 33 ans. Il est père de deux enfants : Béatrice, née en 1931, et Cyrille, né en 1933. Lors de ses expéditions sahariennes, il a pour habitude d’envoyer de nombreuses lettres à sa famille. Certaines sont illustrées par ses soins. C’est ainsi que sa fille Béatrice a reçu un jour ce conte illustré…
Théodore Monod y raconte l’histoire du petit Hachi, un jeune chameau parisien qui, parti visiter son cousin en Afrique, découvre un autre monde, celui des animaux sauvages du désert.
Dans un texte plein de fraîcheur, Théodore Monod, le naturaliste, livre avec une grande simplicité de nombreux détails sur la vie des animaux du désert et laisse transparaître ses convictions humanistes. Mêlant poésie et précision naturaliste, ce conte séduit par son rythme léger, son ton joyeux et les multiples détails à la fois précis et loufoques que donne l’auteur sur les animaux du désert.
Un thé au clair de lune est une magnifique perle du désert signée Théodore Monod.

Préfacé par Béatrice Monod, ce conte inédit, largement illustré, vient d’être publié chez De La Martinière Jeunesse dans un livre relié de 56 pages.  Il est vendu au prix de 13,90 euros.

Pour en savoir plus, cliquez-ici

Autour de l’œuvre de Pierre Bonte : L’anthropologie en partage – Paris, 19 et 20/01/2015

Capture-d’écran-2015-01-16-à-00.46.04-764x1024"L’anthropologie en partage, autour de l’œuvre de Pierre Bonte" est un colloque international de 2 jours qui se tiendra au Collège de France les 19 et 20 janvier 2015. Son sous-titre illustre plus précisément l'axe principal des interventions qui seront faites par de nombreux spécialistes : "D'une ethnographie des sociétés pastorales sahariennes à une anthropologie comparée des sociétés musulmanes".

Le parcours anthropologique de Pierre Bonte, qui nous a quittés brutalement le 4 novembre 2013, a laissé un héritage scientifique considérable, offrant à la fois des avancées significatives dans la connaissance des sociétés ouest-sahariennes sur près d’un demi-siècle (1965-2013) et dynamisant très largement une entreprise scientifique comparative sur les sociétés musulmanes, en France comme à l’étranger.

Clairement inscrite dans la tradition ethnologique française (Mauss, Leroi-Gourhan, Lévi-Strauss), enrichie de l’école marxiste des années 1970, cette anthropologie foisonnante, jamais enfermée dans un domaine de la vie sociale mais toujours soucieuse de faire le lien entre l’économique, la parenté, le politique et le religieux, n’aura eu de cesse d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion, à partir d’une ethnographie de terrain rigoureuse et en permanence renouvelée, mais aussi par le biais de la formation des jeunes chercheurs.

Au-delà de l’hommage que les organisateurs souhaitent rendre à ce chercheur d’exception , ce colloque international aura pour ambition de faire le point sur les principales avancées scientifiques permises par l’œuvre individuelle et collective de Pierre Bonte, dans les principaux domaines scientifiques qu’il a investis, et de réfléchir aux nombreux chantiers scientifiques que ses travaux invitent aujourd’hui à explorer.

 

 

[button type="icon" newwindow="yes" link="https://pmpconseils.com/test04/wp-content/uploads/2015/01/Programme-Colloque-Pierre-Bonte.pdf%22] Programme du colloque (pdf)[/button]

Programme Colloque Pierre Bonte

 

DATES
Le lundi 19 et mardi 20 janvier 2014

LIEU

Collège de France
Site Cardinal-Lemoine
Salle Claude Lévi-Strauss
52, rue du Cardinal Lemoine
75005 Paris (métro Cardinal Lemoine)

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PARTICIPATION AUX FRAIS
Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Pour 2015, Les Sahariens de Lyon ont un programme riche !

Sahariens Rhône AlpesNous aurons l’occasion d’en reparler et de vous rappeler les rendez-vous au fur et à mesure de l’année, mais à l’occasion des vœux traditionnels accompagnant la nouvelle année, la présidente du Comité Rhône-Alpes de notre association nous a présenté son programme pour le premier semestre.

Le moins que l’on puisse dire est qu’il est riche et qu’il permettra à tous les passionnés de Sahara de se réunir pour partager leurs expériences. En 2015, les rencontres sahariennes de Rhône-Alpes se tiendront toujours à 18h30 chaque second mardi du mois, au « Café français », place Antonin Poncet dans le 3e arrondissement de Lyon. Nous souhaitons vous y voir nombreux.

Mardi 13 janvier
Échange des vœux autour de la galette des Rois et parcours dans les Tassilis du Hoggar, L’Atakor, Essendilène et d’autres lieux du Sahara central. Une participation de 7 euros sera demandée.

Mardi 10 février
« La vie des Touareg », un documentaire permettant de voyager à travers des campements nomades à Essendilène et dans la Téfédest.

Mardi 10 mars
« Le désert blanc d’Égypte », une vidéo proposée par Brigitte et François Bruschet.

Mardi 14 avril
« Mémoire de sable », un film documentaire de Jean-Marie Senand. Dans la zone tribale touareg de Djebock, dans le cercle de Gao, juste avant l’invasion du Sahara par les djihadistes, vous plongerez au cœur du quotidien de l’une des dernières tribus pacifiques du Sahara : les Chérifens.

Mardi 12 mai
« La Libye », une vidéo proposée par Monique Silvestre et Jacques Guerrier.

Samedi 30 mai
Ce sera la date du Rassemblement régional annuel des Sahariens avec son traditionnel méchoui. Rendez-vous à la Ferme auberge de la Bicheronne, à Fareins dans l’Ain. Des informations complémentaires sur le programme de cette journée et les modalités d’inscription seront communiqués ultérieurement.

En savoir plus
E-mail : madeleine.seemann@wanadoo.fr

HORAIRES
18:30  Accueil
Possibilité de diner sur place après la réunion.

LIEU
« Café français »
3 place Antonin Poncet
69002 Lyon
04 78 37 49 44

 

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La route de l’exil – 09/12/14, Paris

Fabien YeneOriginaire du Cameroun, Fabien Yene est ce qu’on appelle pudiquement un « migrant ». Il a effectué, en vain, près 23 tentatives pour rejoindre l’Europe ! Heureux survivant du drame de Ceuta et de Melilla en 2005, il a finalement choisi de s’investir dans l’aide aux migrants subsahariens du Maghreb et de se consacrer à sensibiliser les populations et les institutions aux problèmes liés à ces migrations humaines.
C’est cette expérience de migrant, basée sur son vécu et celui de ceux dont il est désormais le porte-parole, qu’il va nous faire vivre de l’intérieur lors d’une conférence très ancrée dans l’actualité.
Pourquoi partir ? Comment se préparer ? Le premier grand plongeon dans l’inconnu avec la traversée du Sahara, les passeurs, les surprises… Et puis l’arrivée au Maghreb et l’obstacle du « mur » entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Enfin, la nécessaire obligation de trouver de quoi survivre.
Il nous racontera comment il a quitté un emploi stable au Cameroun pour échouer au Maroc après avoir traversé la Libye puis l’Algérie.
Il a vécu au Maroc presqu’une dizaine d’années, se consacrant à la défense des migrants. Car ce problème sensible en Europe est tout aussi présent au Maghreb. Il est désormais installé en France.
migrant-au-pied-du-murEn 2010, il a publié un livre, « Migrant au pied du mur », où il évoque les itinéraires à travers les pays de migration, les expériences vécues de ces personnes désespérées, les rackets, les humiliations, les vols, les viols et les meurtres auxquels sont exposées tout au long de leur « traversée du désert » ces populations déracinées.

Fabien Yene est né en 1979 à Endoum, une localité du département de la Mefou-Affamba, au centre du Cameroun. Après des études primaires à l’école publique d’Endoum, il s’installe à Nkol-Dongo (Yaoundé) et poursuit son cycle secondaire au Collège la Mefou, le CES de Nlong et le lycée de Mfou. Il entre directement dans la vie active et travaille respectivement à Total Cameroun, puis dans une société de transport liée à l’exploitation forestière. En 2003, il part du Cameroun à la recherche de meilleures conditions de vie, pas seulement pour  des raisons économiques. D’abord, il arrivera en Libye, traversera l’Algérie pour atterrir au Maroc en 2004. Agissant au sein de plusieurs organisations de défense de migrants au Maghreb, il est aujourd’hui un consultant expert international des questions de migration et vit en France.

DATE
Le mardi 9 décembre 2014 à 19 heures

LIEU
iReMMO – L’Harmattan,  5, rue Basse des Carmes, 75005 Paris.

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PARTICIPATION AUX FRAIS
6 euros

DINER
Si vous souhaitez nous rejoindre pour le diner qui prolonge traditionnellement la conférence (environ 25 euros) nous vous demandons de réserver au plus tard le vendredi 5 décembre auprès de Christiane Portemer au 01 45 75 48 18.

Hassi Inifel 1887 : un rezzou lourd de conséquences – 04/11/14, Paris

Des Touareg faits prisonniers à Hassi Inifel, dont Kenan Ag Tissi, futur chefs de Taïtoqs

Des Touareg faits prisonniers à Hassi Inifel, dont Kenan Ag Tissi, neveu et héritier du chef des Taitoq

C’est l’histoire d’un extraordinaire rezzou et de ses conséquences politiques et culturelles que nous présentera l’ethnologue Paul Pandolfi lors de la conférence du 4 novembre 2014 donnée à l’Iremmo. Laissons-le nous replacer cette histoire dans son contexte…
Durant l’été 1887, après avoir parcouru plus de 700 kilomètres en 10 jours, un groupe de Touareg Taitoq et Kel Ahnet va razzier des chameaux des Chaamba Mouadhi au nord-est d’El Golea. Mais les Chaamba interceptent le rezzou sur le chemin du retour au puits d’Hassi Inifel. Plusieurs Touareg sont tués et sept d’entre eux faits prisonniers. Ces derniers seront remis aux autorités françaises. Après un court séjour à Gardhaia, ils seront amenés à Alger et internés au Fort de Bab Azzoum où… ils recevront la visite de Guy de Maupassant !
Les autorités françaises hésiteront sur la politique à suivre envers ces encombrants prisonniers. Les réponses apportées dévoilent les divergences de vue existant alors quant à la politique à mener par rapport aux Touareg et à l’expansion française dans le Sahara.
À Alger, les prisonniers seront interrogés par le Capitaine Henri Bissuel. De ces entretiens est issu le livre « Les Touareg de l’Ouest » ainsi que la première carte de l’Ahnet, une reproduction d’un dessin tracé par les Touareg eux-mêmes sur le sable de la cour de leur prison.
De son côté Emile Masqueray, un anthropologue arabophone, fréquentera lui aussi assidûment les prisonniers Touareg. Il mènera grâce à eux d’importants travaux linguistiques sur la langue tamahaq. Ses Observations grammaticales sur la grammaire touareg et Textes de la tamahaq des Taïtoq, publiées en 1896, en sont le témoignage.
Deux des prisonniers, Kenan ag Tissi et Chikkadh ag R’ali, accompagneront Masqueray lors d’un voyage à Paris pour l’exposition universelle de 1889. À cette occasion, ils rencontreront le géographe Henry Duveyrier qui interviendra en vue d’obtenir leur libération. Mais cette mise en liberté alors envisagée sera reportée sine die quand, en 1890, l’explorateur Paul Crampel s’adjoindra Chikkadh ag R’ali pour son expédition censée remonter jusqu’à In Salah par la région de l’Ahnet.

Paul Pandolfi, spécialiste du Sahara, est docteur et professeur en ethnologie à l’Université de Montpellier. Il nous fait l’honneur d’évoquer cet épisode méconnu de l’histoire saharienne. Un plaisir qu’il saura rendre vivant car il a résidé 9 ans en Algérie comme professeur coopérant, dont 3 ans à Tamanrasset, de 1985 à 1988, avant d’effectuer de nombreux séjours au Sahara.

 

DATE
Le mardi 4 novembre 2014 à 19 heures

LIEU
IREMMO,  5, rue Basse des Carmes, 75005 Paris.

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PARTICIPATION AUX FRAIS
6 euros

DINER
Si vous souhaitez nous rejoindre pour le diner qui prolonge traditionnellement la conférence (environ 25 euros) nous vous demandons de réserver au plus tard le vendredi 31octobre auprès de Christiane Portemer au 01 45 75 48 18.

Le Saharien 210

Le minaret d'Agades au début du XXe siècle

Le minaret d’Agades au début du XXe siècle

Le numéro 210, correspondant au troisième trimestre de 2014, est sous presse. En couverture, le célèbre minaret de la mosquée d’Agadès, se reflétant sur l’onde d’une tilmas, étonnera plus d’un saharien connaissant bien cette citée mythique du Sahara méridional.
La représentation de cet édifice emblématique dans sa structure originelle est en effet assez rare. Certes, l’explorateur allemand Heinrich Barth nous l’avait fait connaître en 1850 par une gravure assez fidèle. Cependant, il fallut attendre le passage de la mission Fourreau-Lamy en 1899 pour en avoir un premier cliché, bien pâle, qui nécessita la réalisation d’une gravure, elle-même imparfaite. La photographie utilisée sur la couverture du Saharien 210 est tirée de l’Almanach du Marsouin et date vraisemblablement des années 1905/1906.

 

SOMMAIRE DU SAHARIEN 210

Des notes du Père de Foucauld sur la grammaire touarègue
par Antoine Chatelard, membre de l’ordre des Petits Frères de Jésus

L’euphorbe balsamifère
par Frédéric Médail, Odette et Jean-Louis Bernezat

Histoire de la cuvette en or
par Jean-Louis Bernezat

Désert Libyque : explorateurs & espions
Paul Borchardt, l’Abwehr et les lettres de W.J. Harding King
par Andras Zboray

D’In-Salah à Agadès
Carnet de route d’un toubib au Sahara de 1908-1909
par le médecin major Paul George.

Et aussi,

De la toponymie saharienne…
par Jean-Louis Bernezat

Art & Sahara par A. Robbianni, Du chameau / dromadaire
par Ch. Rossetti

Et, enfin, une curiosité : le témoignage de personnages célèbres dans…
Le Livre d’Or du Musée saharien de Ouargla de 1937 à 1961

 

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Découverte du Musée saharien du Crès – 14/10/14, Lyon

musée_inauguration 1Le comité Rhône-Alpes des Sahariens vous invite à une réunion amicale de rentrée au cours de laquelle Brigitte et François Bruschet feront découvrir le Musée saharien du Crès, installé près de Montpellier.
Ce musée privé a été officiellement inauguré lors de l’Assemblée générale de la Rahla le 14 juin 2014. Cet événement, tous les Sahariens l’attendaient depuis bien longtemps…
C’est à Bernard Adell, président de notre comité Languedoc-Roussillon, que nous devons l’édification de ce musée qui associe ses collections personnelles, une part importante des collections de La Rahla et de nombreux objets confiés pas des collectionneurs privés.

En savoir plus
E-mail : madeleine.seemann@wanadoo.fr

DATE
Mardi 14 octobre 2014

PROGRAMME
18:30  Accueil
Possibilité de diner sur place après la réunion.

LIEU
« Café français »
3 place Antonin Poncet
69002 Lyon
04 78 37 49 44

 

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Tente, patrimoine et politique dans l’Ouest saharien – 07/10/14, Paris

© - Sébastien Boulay

© – Sébastien Boulay

De l’objet à la parole, de la Mauritanie au Sahara occidental. Voilà le sujet de la conférence d’ouverture de notre saison 2014-2015 que donnera, à l’IreMMO, Sébastien Boulay, maître de conférences en anthropologie à la Faculté des sciences sociales de la Sorbonne.
La quasi-disparition du nomadisme pastoral en Mauritanie aurait pu conduire à une disparition simultanée de la khayma, la traditionnelle tente nomade, l’architecture emblématique des pasteurs ouest-sahariens. Or, l’omniprésence de la tente dans des champs aussi divers que les loisirs, le marketing ou le politique, montre au contraire la place centrale qu’elle continue d’occuper aujourd’hui dans la société maure, en en faisant même un révélateur privilégié de ses dynamiques. Un long poème recueilli récemment par Sébastien Boulay au Sahara occidental permet de jeter un nouveau regard sur cet « objet social total » et de questionner la façon dont une société se fabrique un patrimoine, loin semble-t-il de toute injonction officielle.

 

DATE
Le mardi 7 octobre 2014 à 19 heures

LIEU
IREMMO,  5, rue Basse des Carmes, 75005 Paris.

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PARTICIPATION AUX FRAIS
6 euros

DINER
Si vous souhaitez nous rejoindre pour le diner qui prolonge traditionnellement la conférence (environ 25 euros) nous vous demandons de réserver au plus tard le vendredi 3 octobre auprès de Christiane Portemer au 01 45 75 48 18.

Sébastien Boulay : « La tente maure est l’emblème de l’identité bédouine »

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© Sébastien Boulay

Sébastien Boulay est docteur en anthropologie, maître de conférences à l’université Paris Descartes. Ses champs de recherche concentrés sur tout l’Ouest saharien concernent les sociétés sahariennes, la culture matérielle, la poésie politique, le patrimoine, l’environnement, les mobilités…. S’il travaille aujourd’hui prioritairement sur les identités numériques et la circulation des messages politiques sur le web dans le Sahara, il continue à enrichir le sujet de  sa thèse de doctorat, soutenue en 2003, qui était consacrée à l’évolution de la tente bédouine en Mauritanie. Il y décrivait comment cet objet qui avait perdu de son utilité en raison de la sédentarisation des populations nomades a trouvé une nouvelle place dans la société mauritanienne.

 

La tente est indissociable de l’image du nomade saharien. Ceux-ci se sédentarisant, est-elle amenée à totalement disparaître ?
Ce n’est pas pour tout de suite. D’abord, au sein des groupes de pasteurs nomades, la tente garde encore aujourd’hui son statut d’habitation principale de la famille. Bien sûr, dès la sédentarisation, elle est vite abandonnée au profit d’un habitat en dur, fixe. Cette étape accompagne le changement du mode de vie.
Toutefois, la plupart du temps, la tente originelle est conservée dans une pièce de la maison. Elle peut à tout moment être remontée pour constituer un abri secondaire d’agrément. En revanche, la tente connaît un renouveau manifeste chez les citadins de longue date. D’abord parce qu’elle reste le type d’abri le plus adapté au climat mauritanien. Ensuite, et surtout, parce qu’elle est investie de nouvelles valeurs et est mise au cœur de démarches identitaires.

 

Comment, en ville, la tente a-t-elle pu acquérir ce statut d’emblème de l’identité bédouine ?
À première vue, elle n’avait plus vraiment de raison d’être dans des villes comme Nouakchott, la capitale de la Mauritanie. Pourtant, surtout chez les premières générations de citadins, ceux arrivés dans les années 70 et 80, elle est très présente. Comme abri d’agrément. Elle est montée à demeure, devant la maison ou sur le toit terrasse. Profitant du confort qu’elle apporte lors des grosses chaleurs, elle est utilisée comme espace de réception en lieu et place du salon de la maison. À tel point qu’on peut y trouver une télévision…
Lors des événements importants, comme les mariages, plusieurs tentes sont dressées pour accueillir le reste de la famille et les amis. Toutefois dans ce cas, son statut change car il est question de tentes modernes, à la décoration sophistiquée. Elle devient un objet ostentatoire qui témoigne du statut social.
Enfin, elle est utilisée lors de l’hivernage, une pratique remise à la mode depuis une quinzaine d’années et encouragée par les autorités. La route principale au sud de Nouakchott est alors bordée de chaque côté de tentes blanches constituant des campements de néo-bédouins. Des familles s’y installent pour des périodes de deux semaines à trois mois. Femmes et enfants y vivent, les pères repartant travailler chaque jour en ville. La première motivation de ces familles est de retrouver la vie bédouine qu’ils ont connue dans leur enfance ou que leurs parents leur ont racontée. Le paradis perdu, le retour à la nature.

 

Quels enseignements sur la société maure actuelle peut-on tirer de l’observation de la place de la tente ?
Dans la société nomade, c’était un objet social total. Avec la sédentarisation, elle a été délaissée. Elle est petit à petit devenue un objet d’agrément ou de loisir, acquérant le statut d’emblème vivant d’une culture révolue et, pour les citadins les plus installés, un objet d’ostentation. Ces différents usages sont autant de reflets des multiples facettes d’une société à plusieurs vitesses, en pleine crise de valeurs. Il faut noter que la tente honorée en tant qu’accessoire emblématique du retour à la brousse par des citadins nostalgiques, n’a pas été retenue dans les programmes de valorisation du patrimoine, plus influencés par des critères occidentaux.
Mais je n’en ai aucun doute, la tente des Maures a encore de nouvelles et singulières carrières devant elle, accompagnant durablement les changements de la société.